mercredi 7 novembre 2012

Le Goncourt sacre Jérôme Ferrari, le Renaudot, Scholastique Mukasonga


Le Goncourt sacre Jérôme Ferrari, le Renaudot, Scholastique Mukasonga

Le Monde.fr avec AFP | 07.11.2012 à 13h05• Mis à jour le 07.11.2012 à 18h07

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Jérôme Ferrari (au centre) lors de la remise du prix Goncourt au restaurant Drouant à Paris, le 7 novembre 2012. | REUTERS/BENOIT TESSIER

Jérôme Ferrari a été couronné, mercredi 7 novembre, par le prestigieux prix Goncourt pour son roman Le Sermon sur la chute de Rome (Actes Sud), qui fait d'un bar corse l'épicentre d'une fable superbe sur les espérances déçues, les frustrations et l'inéluctable fugacité des mondes. Le lauréat, en lice pour la plupart des prix littéraires cette année, a été choisi au deuxième tour.

Jérôme Ferrari a affirmé avoir ressenti "comme une chute de tension qu'on peut considérer comme une définition correcte de la joie". "Je suis heureux, notamment pour la maison qui me soutient depuis sept ans dans des conditions qui n'ont pas toujours été aussi favorables. Je n'ai pas encore mesuré ce que c'est", a-t-il déclaré. "Vous savez que Barack Obama a été élu aujourd'hui, vous ne manquez pas un peu de sens de la hiérarchie ?", a-t-il également lancé dans un sourire aux dizaines de journalistes qui l'assaillaient de toutes parts. Son ouvrage a jusqu'ici été vendu à près de 90 000 exemplaires, selon Actes Sud.

SOUFFLE DES SERMONS ANTIQUES

Né en 1968 à Paris, Jérôme Ferrari est professeur de philosophie et conseiller pédagogique au lycée français d'Abou Dhabi depuis la rentrée, après avoir enseigné au lycée international d'Alge,r puis au lycée Fesch d'Ajaccio. Ce quadragénaire à la silhouette juvénile et au regard intense, qui refuse de se dire philosophe, a bâti en six romans une œuvre d'une grande puissance poétique, où alternent la spiritualité, le cocasse et le drame.

Plus encore que dans ses précédents romans, Dans le secret (2007), Balco Atlantico (2008), Un dieu un animal (2009) ou encore Où j'ai laissé mon âme (2010), Prix roman France Télévisions, l'auteur envoûte par la beauté de son écriture, à la fois imprégnée du souffle des sermons antiques et terriblement moderne. Le fameux sermon de saint Augustin a été prononcé en 410, dans la cathédrale disparue d'Hippone, devant des fidèles désemparés après le sac de Rome. Augustin les rassure : "Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt." Ce seul passage et les têtes de chapitre du roman sont extraits du sermon.

Le livre emporte le lecteur dans la montagne corse. Un vieil habitant, Marcel Antonetti, est rentré au village ruminer ses échecs. A la surprise générale, son petit-fils Matthieu renonce à de brillantes études de philo pour y devenir patron du bar du village, avec son ami d'enfance, Libero. Leur ambition ? Transformer ce modeste troquet en "meilleur des mondes possibles". Les débuts sont prometteurs. Mais bientôt l'utopie vire au cauchemar. Les ex-apprentis philosophes sont frappés par la malédiction qui condamne les hommes à voir s'effondrer les mondes qu'ils édifient.

 
La rwandaise Scholastique Mukasonga, qui ne figurait pas dans la sélection, a été couronnée mercredi par le prix Renaudot pour Notre-Dame du Nil (Gallimard), a annoncé le jury. Elle a obtenu six voix au dixième tour de scrutin. Valessis Alexakis et Philippe Djian (qui n'était pas non plus dans la sélection) ont aussi obtenu des voix, selon le président du prix Renaudot, Georges-Olivier Chateaureynaud.

Scholastique Mukasonga livre un premier roman, où des jeunes filles, à mains nues, tentent d'échapper à l'histoire terrible du génocide rwandais. Génocide qui a décimé la famille de l'auteure. C'est la quatrième écrivaine africaine a être couronnée par le prix Renaudot ces dernières années. Elle a reçu pour cet ouvrage le prix Ahmadou Kourouma, du nom du grand romancier ivoirien qui récompense un ouvrage, essai ou fiction, consacré à l'Afrique noire. Le prix Renaudot de l'essai a été attribué à Franck Maubert pour Le Dernier Modèle (Mille et une nuits).


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