vendredi 14 décembre 2012

Ardoise de Noël


Ardoise de Noël

LE MONDE |  • Mis à jour le 

Fin 2012, plus de 10 % des familles françaises seront équipées d'une tablette. Si certains psychologues estiment qu'il ne faut pas diaboliser l'écran, d'autres proposent de mettre en place un contrôle des logiciels dits éducatifs.

Conversation volée entre deux septuagénaires.

"Mon petit-fils me demande une tablette. C'est quoi, au juste ?
- Sans doute une nouvelle version du Télécran."
"Il suffit de voir un enfant devant un appareil tactile pour comprendre à quel point ça le fascine. Les enfants adorent les tablettes et, puisqu'ils touchent à tout, ils comprennent facilement comment s'en servir. Ils en sont complètement subjugués. Mais doit-on leur acheter leur propre tablette ?", s'interrogeait, en août 2011, Gina Desjardins sur Triplex, le blog "techno" de Radio-Canada.
"La tablette, c'est le souhait numéro un des enfants cette année. Ils rêvent tous d'en avoir une", assure Adrien Bourreau, senior consultant nouvelles technologiesau cabinet Kurt Salmon. Mais pour les tout-petits, "est-on en train de créer des besoins à des enfants avant même qu'ils en fassent la demande ?", demandeGina Desjardins.
Trois millions de foyers français sont équipés d'une tablette (Médiamétrie/GfK,bit.ly/TXinnw). Le taux d'équipement frise les 15 % sur l'ensemble de la population, mais atteint les 30 % sur les foyers avec enfants. Et près de 5 % des foyers envisageraient d'en acheter une dans les six prochains mois. Il devrait s'en vendre1 million à l'occasion des fêtes de fin d'année en France, dont la moitié pour enfants.
Faut-il céder au caprice, à la tentation, sinon à cet effet de mode ? Et, si oui, quelle ardoise électronique mettre entre les mains de son enfant ? Il faut choisir entre"une tablette numérique utilisable par toute la famille ou un produit conçu spécialement pour les plus jeunes", estime Vosquestionsdeparents.fr dans son dossier spécial (bit.ly/UmxdjM).
D'une poignée de modèles en 2011, l'offre est passée à une ribambelle de tablettes. Et pour les parents, l'embarras du choix, ou le choix de l'embarras ! Sur le marché, on trouve au bas mot dix tablettes "résistantes et sécurisées" conçues spécifiquement pour les enfants, avec design et ergonomie adaptés, et dont l'objectif est "de favoriser la créativité et les apprentissages", et plus de cinq tablettes familiales dont "les possibilités offertes sont étonnantes".
Un récent sondage (institut CSA pour l'observatoire Orange-Terrafemina, septembre 2012) avance que "cette utilisation précoce des nouveaux outils numériques par les jeunes enfants semble être souvent consciemment initiée par les parents". Ces derniers sont même 76 % à considérer que "c'est une bonne chose que les plus jeunes enfants se familiarisent de plus en plus tôt avec les nouveaux outils numériques" (bit.ly/VCy7bY). Et aux nouvelles sommations aussi."Si t'es pas sage, privé(e) de tablette !"

mardi 11 décembre 2012

ENSEIGNEMENT (AVANCÉ 2)


Enseignants: changer le métier pour en changer le salaire

Argent contre service… Un entretien chez Jean-Jacques Bourdin, sur RCM lundi 10 décembre, aura suffi à mettre le dossier du traitement des enseignants sur le devant de la scène.
Le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, serait-il prêt à parler argent ? Oui, mais « en changeant aussi la nature du métier. Ça ne peut pas se faire en 2013, on peut ouvrir les discussions en 2013. Ma porte est ouverte, je suis prêt à partir de janvier à ouvrir la grande négociation qui n’a jamais eu lieu dans ce pays sur la refondation du métier d’enseignant. Il y aura bien entendu les contenus. Qu’est-ce qu’on fait quand on enseigne, on vient de mettre en place les écoles, la deuxième phase c’est les carrières, le développement de carrière… », a-t-il déclaré lundi matin.
A Jean-Jacques Bourdin, il a évoqué des pistes : « Vous prenez le modèle allemand, qu’est-ce qui se passe en Allemagne ? Les professeurs travaillent en moyenne 25 heures par semaine, 50 % de plus que notre temps de travail dans le secondaire. Ils enseignent souvent deux disciplines, les chefs d’établissement eux-mêmes enseignent. Alors pourquoi garde-t-on uniquement le salaire et pas tout ce qui justifie le salaire ? » L'argumentaire de Vincent peillon fait référence aux études de l'OCDE qui montrent que l'enseignant français est moins bien payé que ses voisins, mais aussi que ses contraintes professionnelles ne sont pas aussi lourdes. Dans certains pays, comme la Grande Bretagne, le conseiller principal d'éducation (CPE) n'existe pas et cette fonction est dévolue aux enseignants.
Repenser le traitement en repensant le métier, cela ressemble étrangement à ce que Nicolas Sarkozy proposait aux enseignants durant la campagne présidentielle. Dans son programme, l'ancien président de la République souhaitait rémunérer 500 euros de plus (on n’a jamais su si c’était net ou brut) les volontaires qui accepteraient de travailler six heures de plus par semaine… Des heures qui n'auraient pas forcément été assurées sous forme de cours. Ce qui est certain, c'est que le temps de présence dans les établissements aurait été repensé.
François Hollande a préféré, lui, promettre la restauration des 60 000 postes qui avaient disparu sous le mandat précédent. La loi de programmation, que Le Monde a révélée mercredi 5 décembre, montrait la répartition de ces postes entre le primaire, le secondaire et la formation des maîtres.
Le traitement des enseignants français est un serpent de mer. La période Sarkozy, durant laquelle le salaire a largement été individualisé par le biais des 1,3 milliard d'euros d'heures sup effectuées dans les établissements, a compliqué le débat et creusé un fossé entre ceux à qui on offrait la possibilité d'en faire et les enseignants du premier degré, qui eux n'y avaient pas droit.
Le métier d'enseignant est défini par un décret de 1950 qui ne prend en compte que les heures de service, c'est-à-dire les cours devant la classe.
Maryline Baumard


A lire ici: la comparaison du salaire des profs dans toute l'Europe: http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/10/salaire-des-enseignants-ou-se-situent-les-francais-par-rapport-a-leurs-collegues-europeens_1804286_3224.html

Venez connaître la France au fil de ses régions (Avancé 2)

J'ai trouvé un lien très chouette pour apprendre le français à travers les régions: cliquez ici.
Si vous voulez connaître la région PACA à travers des vidéos ICI.

mercredi 5 décembre 2012

samedi 1 décembre 2012

MIRAR EL MUNDO

Hola a todos

Aquí os mando un libro de poesía de un escritor, Antonio Marín Cano, de San Javier que a mí me parece interesante conocer.
Para leerlo, pincha aquí. Si os gusta, dadle difusión.

jeudi 29 novembre 2012

Fille d'avril, Laurent Voulzy

Paroles ici:
C'est une fille d'Avril (Es una chica de abril)
Pauvre de moi (Pobre de mí)
Une fille difficile (una chica difícil)
Elle ne veut pas (ella no quiere)
Découvrir d'un fil (enseñar nada)
Tout ce qu'elle a (de todo lo que tiene)
Ni son cœur, ni son corps (ni su corazón ni su cuerpo)
C'est comme ça

Les filles de Janvier, on le dit (se dice que a  las chicas de enero)
N'aiment pas garder leurs habits (no les gusta quedarse con la ropa puesta)
Au coin du feu (a la vera del fuego)
Elles se prélassent (se relajan)
Février Mars (Febrero marzo)
Voici le joli mois de Mai (Aquí viene el bonito mes de mayo)
Les manteaux, on les met jamais (los abrigos no se ponen ya más)
Elles ne gardent presque rien (Ellas no guardan casi nada)
Quand vient le soleil de Juin (cuando llega el sol de junio)
Enfin Juillet les déshabille (por fin julio les quita la ropa)
Mais elle, c'est une fille... (pero ella, es una chica...)

D'Avril
Pauvre de moi
Une fille difficile
Elle ne veut pas
Découvrir d'un fil
Tout ce qu'elle a
Ni son cœur, ni son corps
C'est comme ça

Le soleil n'a plus aucun doute (el sol ya no tiene duda)
Allongées sur le sable d'Août (Tumbadas en la arena de Agosto)
En Septembre un autre rêve (En septiembre, otro sueño)
Le vent se lève (el viento se levanta)
Elles aiment le vent les filles d'Octobre (a las chicas de octubre les gusta el aire de ese mes)
C'est de l'air qui vient sous lesr obes (es el aire que se mete por debajo de los vestidos)
En Novembre il fait plus froid (en noviembre, hace más frío)
Serre-moi fort dans tes bras (Cógeme en tus brazos)
Et passons Noël enlacés (Pasemos Navidad abrazados)
Mais elle (pero ella)


C'est une fille d'avril
Pauvre de moi
Une fille difficile
Elle ne veut pas
Découvrir d'un fil
Tout ce qu'elle a
Ni son cœur, ni son corps
C'est comme ça

Pauvre de moi
Une fille difficile
Elle ne veut pas
Découvrir d'un fil
Tout ce qu'elle a
Ni son cœur,
Ni son corps

C'est une fille,
Une fille d'Avril

Elle ne veut pas
Ni son cœur
Ni son corps
C'est comme ça
Talalala ouh...

lundi 26 novembre 2012

LES RESTOS DU COEUR

 
Entraînons-nous à chanter, pour le 19 décembre, cette chanson de l'association des restos du coeur qui distribue chaque année des millions de repas aux SDF et à de plus en plus de gens dans le bsoin (retraités, femmes seules, RMistes etc). C'est à Noël qu'ils ont besoin le plus de dons et d'aides.
Elle est maintenant représentative de la période de Noël depuis les années 80.
 
 

Paroles de la chanson des Restos du Coeur: (JJ. Goldman)

Moi, je file un rancard
A ceux qui n'ont plus rien
Sans idéologie, discours ou baratin
On vous promettra pas
Les toujours du grand soir
Mais juste pour l'hiver
A manger et à boire
A tous les recalés de l'âge et du chômage
Les privés du gâteau, les exclus du partage
Si nous pensons à vous, c'est en fait égoïste
Demain, nos noms, peut-être grossiront la liste

Aujourd'hui, on n'a plus le droit
Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid
Dépassé le chacun pour soi
Quand je pense à toi, je pense à moi
Je te promets pas le grand soir
Mais juste à manger et à boire
Un peu de pain et de chaleur
Dans les restos, les restos du coeur

Autrefois on gardait toujours une place à table
Une soupe, une chaise, un coin dans l'étable
Aujourd'hui nos paupières et nos portes sont closes
Les autres sont toujours, toujours en overdose

J'ai pas mauvaise conscience
Ça m'empêche pas d'dormir
Mais pour tout dire, ça gâche un peu le goût d'mes plaisirs
C'est pas vraiment ma faute si y'en a qui ont faim
Mais ça le deviendrait, si on n'y change rien

J'ai pas de solution pour te changer la vie
Mais si je peux t'aider quelques heures, allons-y
Y a bien d'autres misères, trop pour un inventaire
Mais ça se passe ici, ici et aujourd'hui

dimanche 25 novembre 2012

Activités de Noël

Lisez, écoutez et répondez ici.


Ecoutez la liste du Père Noël et associez ici.

Si Noël m'était conté. (Avancé 2)

Vive le vent d'hiver ici.

Sur le long chemin
Tout blanc de neige blanche
Un vieux monsieur s'avance
Avec sa canne dans la main
Et tout là-haut le vent
Qui siffle dans les branches
Lui souffle la romance
Qu'il chantait petit enfant :


[Refrain]
Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver
Qui s'en va sifflant soufflant
Dans les grands sapins verts...
Oh ! Vive le temps, vive le temps
Vive le temps d'hiver
Boule de neige et jour de l'an
Et bonne année grand-mère...


Et le vieux monsieur
Descend vers le village,
C'est l'heure où tout est sage
Et l'ombre danse au coin du feu
Mais dans chaque maison
Il flotte un air de fête
Partout la table est prête
Et l'on entend la même chanson :
{au Refrain}


vive le vent vive le vent
vive le vent d'hiver
Qui s'en va sifflant soufflant
dans les grands sapins verts...
vive le temps vive temps
vive le temps d'hiver
boule de neige et jour de l'an
et bonne année grand-mère...


Joyeux, joyeux Noël
Aux mille bougies
Quand sonnent dans le ciel
Les cloches de la nuit
{au Refrain}

vive le vent vive le vent
vive le vent d'hiver
Qui s'en va sifflant soufflant
dans les grands sapins verts...
vive le temps vive le temps
vive temps d'hiver
boule de neige et jour de l'an
bonne année grand-mère...




MATHILDE ET TRISTAN

 

Aujourd’hui c’est Noël

Pour Mathilde et Tristan

C’est la nuit la plus belle

La fête des enfants

(bis)

 

Cher petit Papa Noël

As-tu bien reçu la lettre

Avec nos vœux qui peut-être

seront exaucés

 

Aujourd’hui c’est Noël

 Pour Mathilde et Tristan

C’est la nuit la plus belle

La fête des enfants

(bis)

 

Nous avons été gentils

Même nos parents nous l’ont dit

Et nos souliers sont posés

Près de la cheminée

 

Aujourd’hui c’est Noël

 Pour Mathilde et Tristan

C’est la nuit la plus belle

La fête des enfants

(bis)

 

Enfin le jour s’est levé

Et tous les jouets demandés

Tu nous les as apportés

Sans rien oublier

 

Aujourd’hui c’est Noël

 Pour Mathilde et Tristan

C’est la nuit la plus belle

La fête des enfants

(bis)


CHEF JE NE VEUX PAS ÊTRE CHEF


Chef, je veux pas être chef !

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Alors que ses amis finissent leurs études ou peinent à trouver un travail, Laure décroche à 22 ans un contrat à durée indéterminée (CDI) en tant que chef de projet Web en agence de communication. Une belle façon de couronner un parcours brillant : classe prépa, puis Sciences Po.

Pourtant, deux ans plus tard, la jeune fille quitte son poste pour un contrat à durée déterminée (CDD) de responsable de contenus digitaux pour une marque. "Je voulais avoir du temps pour moi et pour mes projets personnels, explique-t-elle. ­Quand je rentrais chez moi le soir, je me rendais compte que j'avais passé 70?% de mon temps à manageur des employés. C'est très stressant, et j'aurais aiméavoir un supérieur. Je veux bien trouver des solutions, à condition que quelqu'un les valide. Dans ma nouvelle boîte, j'ai un responsable et des objectifs plus précis."
Si cette décision a pu surprendre son entourage, la situation de la jeune femme n'est pas exceptionnelle. Selon une enquête réalisée en 2009 par l'Association pour l'emploi des cadres (APEC), environ la moitié des salariés du secteur privé ne souhaite pas passer cadre.
" UNE SITUATION INFERNALE "
Un résultat qui n'étonne pas Alain Pichon, docteur en sociologie à l'université d'Evry-Val-d'Essonne et auteur de l'ouvrage Les Cadres à l'épreuve (PUF, 2008):"J'ai toujours été extrêmement frappé par l'image épurée qu'on donnait des cadres, représentés comme des gens épanouis, alors que ce que je voyais autour de moi ne me semblait pas si simple."
La situation des cadres s'est détériorée un peu plus "à chaque crise économique", constate Alain Pichon : "Ils sont désormais touchés au même titre que les autres par les plans sociaux." Mais, selon lui, c'est surtout la figure du cadre encadrant qui est aujourd'hui en crise, car celui-ci se trouve bloqué "dans une situation absolument infernale" : "Essayez d'interroger les cadres de chez PSA-Aulnay ! Ils se retrouvent entre le marteau et l'enclume, car ce ne sont pas les hauts dirigeants qui font le sale boulot."
Sylvaine Pascual, consultante spécialiste des relations humaines et de la reconversion professionnelle, confirme : "Avec la crise, l'ambiance s'est dégradée dans les entreprises, les relations sont plus tendues, et il peut s'avérer stressant de prendre en charge les équipes." D'autant plus quand le salaire ne suit pas.
Pour Eric Peres, secrétaire général de FO-cadres, si des salariés refusent depasser cadre, c'est avant tout en raison d'une trop faible rémunération. Même s'il concède que ce facteur n'explique pas à lui seul le malaise des cadres : "C'est aussi une question de coût humain dans la vie de tous les jours." Eric Peres pointe ainsi du doigt la politique de management de nombreuses entreprises, citant notamment le management par objectifs : "Le non-respect de ceux-ci est considéré comme un échec dont la responsabilité est rejetée sur le cadre." Sansparler de l'impact des nouvelles technologies dans la vie de l'employé. "Les entreprises estiment qu'il faut être joignable à tout moment. Les cadres n'ont plus le temps de respirer!"
Nathalie Bosse, auteur de l'enquête "Devenir cadre, une perspective pas toujours attrayante" du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq), en avril 2012, partage ces mêmes constats : les salariés redoutent stress et horaires trop contraignants. Mais, pour la chercheuse, ces motivations "s'appuient davantage sur la représentation que les salariés se font du rôle et de l'activité des cadres que sur une vision réelle de leur travail, car ils les côtoient peu".
Nathalie Bosse remarque qu'il faut également prendre en compte l'intériorisation de l'absence de réelle possibilité de promotion. "Le passage au statut de cadre peut être vu comme trop sélectif, et l'évaluation des compétences est vécue comme une épreuve, un jugement."
Ce qui est certain, c'est qu'un malaise s'instaure entre les cadres et l'entreprise."L'identité initiale des cadres repose sur la figure de l'expert, note Alain Pichon.Quand de jeunes ingénieurs arrivent dans les entreprises, ils sont motivés par l'innovation. Mais, depuis le début de la financiarisation des entreprises, les questions de gestion et de rentabilité capitalistique sont devenues les principales préoccupations."
C'est ici que se creuse "le hiatus entre les attentes du cadre et celles de l'entreprise". Alain Pichon cite le "cas emblématique" de Peugeot, où "des salariés qui croient en leur produit se heurtent à un groupe essentiellement préoccupé par des problèmes gestionnaires".
Comment les cadres réagissent-ils à une situation qui se dégrade ? Il n'est pas rare de voir de jeunes diplômés choisir un emploi sans rapport avec leur niveau d'études. A la sortie de Polytechnique, Luc ne tient que quelques mois comme assistant trader dans une banque. "Je suis peut-être trop sensible pour travaillerdans une grande boîte, je ne supporte pas la pression instaurée par le système hiérarchique. Ce qui est dommage, c'est que tous les jobs qu'on me proposait n'étaient pas du tout rock'n'roll, juste parce que je sortais de Polytechnique. Comme si j'étais trop au-dessus des autres pour accomplir certaines tâches."Aujourd'hui, l'ancien de l'X est guitariste-chanteur pour un groupe de musique.
Mais se révolter contre une situation qui se dégrade n'est pas toujours facile. Alain Pichon parle d'une "désapprobation silencieuse" : "Souvent isolés, les cadres n'osent pas prendre la parole car ils souhaitent protéger leur carrière. La perspective d'adhérer à un syndicat est encore plus lointaine, car c'est perçu comme un acte de déloyauté envers l'entreprise."
Le refus d'une promotion, l'abandon d'un poste à hautes responsabilités suscitent souvent l'incompréhension de la direction des ressources humaines. "On a encore des idées assez arrêtées sur ce que doit être une carrière. Au sein de l'entreprise, on s'interroge sur la place d'un salarié qui ne souhaite pas évoluer", constate le sociologue.
PORTE DE SORTIE
Sophie Gros, employée dans un grand groupe industriel, vient de donner sa démission. "Après quinze ans de travail, je commençais à voir des failles partout. J'avais un poste à responsabilités, et il était difficile de satisfaire la hiérarchie en gérant des équipes pas forcément motivées."
Elle a donc préparé sa porte de sortie en passant un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) en candidat libre afin d'ouvrir un atelier de couture. Mais cette reconversion ne s'est pas faite sans difficulté : "Même en ayant une issue de secours, ce n'est pas simple de quitter un statut reconnu. On a peur du regard des autres. Je suis passée par un travail psychologique, j'ai écrit noir sur blanc les pour et les contre avant de prendre ma décision."
Pour la consultante en relations humaine Sylvaine Pascual, la re­conversion est injustement dévalorisée. "On a beaucoup insisté sur les difficultés liées à un changement de carrière et c'est légitime : c'est un parcours complexe. Mais, à force de se concentrer sur les problèmes, on ne voit plus les aspects positifs. Or les personnes qui identifient un métier qui les passionne font preuve d'une grande détermination qui leur permet de gérer de front l'emploi qu'elles veulentquitter et leur nouvelle formation."

FAMILLES HOMOPARENTALES


Familles homoparentales : des parents clandestins

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Depuis que Baya  et Alice, 20 mois, parlent, elles appellent spontanément "maman" Bénédicte, la compagne de Sophie (à droite), leur mère biologique.

C'est souvent sur les frigos que les histoires de famille se racontent. Ordonnances, photos, mots doux, liste de courses, rendez-vous, emplois du temps des enfants... Il a fallu tout enlever de celui de Françoise et Caroline (1), quand, début 2007, l'assistante sociale a commencé à venir chez elles. A chacune de ses visites, les deux femmes, en couple depuis une dizaine d'années, faisaient un grand ménage. Pas question que celle qui devait délivrer l'agrément indispensable à l'adoption se rende compte que Françoise n'était pas célibataire."Heureusement, elle n'a jamais quitté le canapé du salon", raconte Caroline, absente à chacune des visites. La jeune tapissière au sourire timide s'en allait même la veille de chez elle, pour être sûre de ne pas laisser de traces. Cachait sa brosse à dents mais aussi ses baskets, comme si l'assistante sociale pouvait soupçonner que sa compagne, une grande brune hyperféminine, n'en porte jamais. Au grand ménage s'ajoutaient des séances de "coaching". "Je lui apprenais à arrêter de dire "nous"", se souvient Caroline. Françoise a obtenu son agrément en 2007, puis un deuxième en 2011. Leurs deux fils, Gaspard, 5 ans, et Louis, à peine 3 ans, vont à l'école du coin. Et seule Françoise est légalement leur mère. Sur leur livret de famille, la case du père est vide. Selon le projet de loi sur le "mariage pour tous" ("ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe", dit le texte), présenté le 7 novembre en conseil des ministres et débattu au Parlement à partir du 29 janvier 2013, Caroline pourra les adopter à son tour.

Dans la banlieue où elles habitent, après avoir longtemps vécu à Paris, plus personne ne s'étonne de les voir à la sortie de l'école. Bobos à vélo, femmes voilées, tous saluent les deux quadragénaires d'un même sourire distrait. C'est à Caroline, qui est allée chercher Gaspard dans sa classe, que le directeur rappelle qu'il faut l'inscrire à la cantine. Quand le petit garçon lui demande : "Où est maman ?", elle lui répond gentiment : "Elle est allée chercher ton frère." Quelques mètres plus loin, Louis pose la même question à Françoise, qui donne exactement la même réponse. Dans cette famille, il y a bien deux "mamans", dont une pourrait disparaître de la vie des garçons. Sans existence légale, Caroline n'a aucun droit sur les enfants qu'elle élève. Elle ne peut leur transmettre ni son nom ni son patrimoine, et n'est pas plus autorisée à prendre de décision médicale en cas d'urgence qu'à devenir représentante des parents d'élèves.

Dans le petit monde des parents gays, on dit qu'elle est leur "mère sociale". Un statut - une zone de non-droit - qu'évoquent avec angoisse tous ceux qui ont répondu à l'appel à témoignages, passé il y a quelques semaines sur le site duMonde. Les "parents sociaux" y racontent l'inquiétude qui préexiste au projet familial, celle qui ne cesse de les hanter. Séparation, accident, décès... Des sujets rarement présents à l'esprit de ceux qui envisagent de fonder une famille, mais qui ne quittent pas ces parents de l'ombre. "La place légale du parent est le lieu où s'établit la vraie famille. Voilà pourquoi il est indispensable d'inscrire la filiation dans la loi", martèle Serge Hefez (2). Au départ "dubitatif" sur la question de l'homoparentalité, le psychiatre et psychanalyste, responsable de l'unité de thérapie familiale à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, plaide aujourd'hui en faveur du mariage homosexuel et de la reconnaissance de "l'autre parent" : "Ces différences nuisent à la construction du lien. Quand les parents sociaux ne sont pas légitimes, l'enfant le sent bien et en souffre."
"A l'instant où je l'ai tenu dans mes bras pour la première fois, j'ai su que je prenais le risque qu'un jour il me soit enlevé", raconte Emilie (1), "mère sociale" d'Hugo (1). Récemment séparée de la mère biologique de son fils, elle est soulagée de voir que tout se passe bien. "Pour l'instant", précise-t-elle. Car cette maman de deux grands enfants nés d'une union hétérosexuelle sait mieux que d'autres la différence entre "parent biologique" et "parent social" : "On a toujours peur pour ses enfants, mais avec Hugo, c'est encore pire. Je profite de chaque moment comme si c'était le dernier..."


Nathalie et Gaël, mères d'Anouk, 6 ans, et de Sasha, 2 ans et demi, élèvent leurs deux filles en coparentalité avec trois pères.

Cécile (1) connaît bien ce sentiment d'urgence. L'histoire, courante, d'une séparation et d'une mère qui veut "refaire sa vie" devient parfois une tragédie quand elle a lieu au sein d'un couple homoparental. "J'ai inséminé ma compagne, j'ai coupé le cordon quand Marguerite est née. Je l'ai bercée, consolée, raconte la jeune Dijonnaise d'une voix émue. Son premier éclat de rire, c'était avec moi. La première fois qu'elle a fait du vélo aussi." Peu après leur séparation, la mère biologique de Marguerite a voulu rompre tout lien. "Elle m'a dit : "Tu n'es pas sa mère, tu n'as pas ta place."" Si Cécile s'est autant battue, c'est parce que Marguerite, qui n'a pas sa langue dans sa poche, l'a beaucoup réclamée. "J'aime bien la résidence alternée et j'aimerais bien que ça continue comme cela. J'ai deux mamans. [...] Maman me manque beaucoup", a expliqué la petite fille lors d'une audition réclamée par la juge. "Je connais d'autres mères qui ont laissétomber, sûres qu'elles n'auraient droit à rien", dit Cécile, qui attend encore que le jugement soit rendu. En avril 2011, Caroline Mecary, avocate en droit de la famille, spécialisée dans le droit des homosexuels, a obtenu un droit de visite et d'hébergement pour une mère "sociale" séparée de sa compagne. Une première. "Mais la décision ne fera pas forcément jurisprudence, les juges aux affaires familiales ne tenant pas compte des jugements rendus par les autres tribunaux", explique l'avocate.
Alors, souvent de manière inconsciente, les parents clandestins collectionnent photos de famille, bulletins signés et même tickets de Carte bleue. Comme pournourrir par avance un dossier qu'ils pourraient un jour avoir à présenter à un juge aux affaires familiales. "Ce sont souvent les "mères sociales" qui signent tous les carnets de notes, qui vont à tous les rendez-vous chez le médecin. Ça leur permet d'être visibles aux yeux de la loi, le jour où elles feront une demande d'adoption ou de délégation partage de l'autorité parentale", constate Caroline Elkouby-Salomon, avocate en droit de la famille.
Dans leur loft immaculé, meubles industriels et couleurs pop, Bénédicte et Sophie s'apprêtent à faire déjeuner leurs jumelles de 20 mois. Elles ont été malades toute la nuit, et Bénédicte, qui n'a pas fermé l'oeil, sort du frigo une bouillie de riz et de carottes qu'elle a préparée ce matin. C'est la "mère sociale" d'Alice et de Baya. Sophie, elle, vient de rentrer d'un énième déplacement professionnel. Elle voyagebeaucoup, tandis que Bénédicte travaille à la maison. Depuis qu'elles ont commencé à parler, les jumelles appelent les deux femmes "maman". "Ce sont elles qui ont choisi de le faire. Nous, on disait Béné", souligne fièrement Bénédicte. Mais, selon Serge Hefez, quelle que soit la façon dont il les appelle, l'enfant sait très bien qui est sa mère biologique. "L'enfant se crée son roman familial et hiérarchise les rôles des parents. Deux mères n'occupent pas la même place dans son imaginaire et ses fantasmes. La mère sociale est d'ailleurs souvent plus maternante que l'autre", constate le psychiatre. Une analyse confirmée par plusieurs études sociologiques sur les familles homoparentales.
Réalisatrice, Florence travaille beaucoup à la maison. Il lui semble donc naturel d'aller chercher Milo chez sa nourrice tous les jours et de le garder le mercredi. Et puis, "un jour, il va se poser des questions. Il me dira : "T'es pas ma mère"". S'enoccuper au quotidien, reconnaît-elle, est sans doute un moyen de se préparer à ce moment. Ou peut-être de l'éviter. Comme la plupart des couples de femmes, Sandrine et Florence ont décidé de faire appel à un donneur anonyme "parce que c'était notre projet à toutes les deux". Sandrine a porté, Florence a filmé. Les carpes remontent les fleuves avec courage et persévérance, primé dans plusieurs festivals, raconte l'odyssée de ces deux femmes qui veulent fonder une famille. Allers-retours aux Pays-Bas et en Belgique, piqûres d'hormones, sautes d'humeur, tests négatifs, annonce de la grossesse aux proches, future mère choyée par l'autre qui doit taire ses propres angoisses, accouchement... Loin d'une histoire singulière d'homoparentalité, le film raconte en réalité celle de toutes les grossesses difficiles. Florence a suivi cette gestation "un peu comme un père : comme celui qui ne porte pas l'enfant en tout cas". Donnant raison à Serge Hefez, pour lequel le freudisme n'est pas mort et "les places pas interchangeables" dans un triangle oedipien encore indépassé.
Sur Internet, les blogs de mamans sont légion. On y trouve, en vrac, portraits de famille et conseils en cas de gastro. Certains, écrits par des "mères sociales", racontent ces grossesses "de l'autre côté du ventre", vécues par ces "mamans elles aussi". Les premiers mots de l'enfant comme les paroles blessantes. Celles qui les destituent, sans le vouloir, de leur statut de mère. Elles viennent des proches la plupart du temps.


Promenade dominicale pour Laurent, Stéphane et leurs deux filles de 4 et 6 ans, qu'ils ont eues avec un couple de lesbiennes.

Les pères de l'ombre en font aussi les frais. "Yann doit être content !", se sont ainsi contentés de féliciter les amis quand Karim et Yann leur ont annoncé la grossesse de Gala, la mère porteuse ukrainienne de leurs jumeaux, aujourd'hui âgés de 5 ans, dont Yann est le père biologique. Mais tous les parents sociaux le disent : la société évolue plus vite que les lois. A Paris, en banlieue, dans les coins les plus reculés de France, leur famille a été très vite acceptée. Quand Yann et Karim ont quitté la capitale pour s'installer dans un tout petit village de l'Ariège avec leurs jumeaux, on a commencé par les regarder bizarrement. Un couple d'homos militants aux cheveux ras, des enfants nés d'une mère porteuse : l'équation avait de quoi choquer, mais à Saverdun, commune de 3 000 habitants, personne ne conteste plus à Karim sa paternité de fait. Celui-ci a expliqué à ceux qui se posaient des questions qu'il était, comme son compagnon, le "papa d'intention" de ses enfants, et leur mère une "maman de naissance""Je n'aime pas le terme de maman porteuse, ça fait industriel", explique-t-il. Tout en concédant, non sans provocation, que le lien biologique ne le fait pas rêver : "L'acte est minable : ce n'est qu'une branlette dans un tube à essais" et ses conséquences sont"monstrueuses".
"Attention, t'es pas son père." Voilà le genre de remarque à laquelle Laurent a eu droit. Son entourage pensait bien faire, en le voyant changer les couches de Jeanne. Le jeune proviseur avait toujours voulu avoir des enfants et adoraitpouponner. Mais c'est Stéphane, son compagnon, qui a eu leur premier enfant avec une femme d'un couple de lesbiennes. Il n'imaginait pas que son modèle familial, la coparentalité, serait parfois si difficile à vivre. Chez les "copa", on est souvent trois, parfois quatre, et on a fait le choix de ne pas priver l'enfant à venir de mère ou de père biologique. Difficile de s'entendre pour élever des enfants quand on est si nombreux. Plus difficile encore de trouver la place du "parent social" quand l'enfant a déjà deux parents biologiques. Alors on écrit des "chartes" qui dessinent précisément les contours de la future famille. Quel rôle exactement aura le conjoint du parent biologique, le "coparent" ? Qui aura la garde de l'enfant en cas de décès du père ou de la mère ? Ces questions soigneusement examinées, les documents sont paraphés et déposés chez le notaire. Bien qu'ils n'aient aucune valeur juridique, ils font partie de ce dossier fantôme qu'un juge, un jour, pourrait avoir à consulter.


Alice, Bénédicte, Baya et Sophie. 

Ce que les chartes ne mentionnent pas, c'est le sentiment de légitimité qu'on n'acquiert parfois qu'en devenant à son tour parent biologique. "Quand j'ai eu ma deuxième fille, je me suis senti père pour la première et pour la deuxième fois", précise Laurent en parcourant ses photos de famille. Deux mères et deux pères éblouis admirent deux nourrissons : cernes et sourires émerveillés complètent les (presque) traditionnels clichés de maternité. Derrière cette apparente ressemblance, les deux naissances n'ont pas été équivalentes pour Laurent. "Je me suis plus légitimement senti le père de Jeanne quand Margot est née." Cette enfant qui porte son nom et l'appelle "papa"... "Maintenant, on peut vraiment dire : "Nos enfants."" L'avancée est "sémantique et symbolique, plus que biologique"mais, pour lui, elle semble essentielle.
Sur le frigo de Gaël et Nathalie, un coeur rouge barbouillé de feutre clame joyeusement : "Bonne fête mamans." En dessous, une frise multicolore répartit les jours : en bleu, ceux "des mamans", en jaune et en vert, ceux "des papas". Anouk en a deux, Sasha un seul. "Ne leur demandez surtout pas qui est la mère biologique de qui, elles le prendraient très mal, prévient Mathieu, le père de la petite dernière. Elles sont toutes les deux les mamans des deux." Deux mères, trois pères... Dans ce grand loft de Bagnolet, tout semble pourtant aussi simple et carré que sur l'emploi du temps aimanté au frigo. Sasha, la petite dernière, est installée à table et réclame un autre épisode de Barbie. Elle s'ennuie sans Anouk, sa soeur aînée, partie dormir chez ses papas ce soir. Nathalie la fait dîner, mais c'est Gaël qui la couchera. En éteignant la télé, sans céder aux suppliques... Ici, tout est organisé symétriquement. Les deux femmes se font appeler "maman" et le partage des tâches est strict. Chaque jour, l'une d'elles emmène les enfants à l'école, leur lit une histoire le soir, les couche. Le lendemain, c'est l'autre. Et chacune a souhaité mener une grossesse. "Comme ça, on se tient par la barbichette !", sourit Nathalie. Ce n'est pas la seule raison. "La façon dont ça s'est passé avec la première a fait que j'ai eu envie de porter le deuxième enfant", explique cette jolie brune à la silhouette d'adolescente. Car elles ont beau vouloir lagommer"il y a une différence. Le lien biologique est un des paramètres, même si ce n'est pas le seul". Les premières nuits, quand l'autre allaite et qu'on a du mal àtrouver sa place. Les premiers jours à la maternité où, "pendant la rencontre au sommet avec les grands-parents, je n'existais pas". Le fait que, même quand tout se passe bien avec le pédiatre ou à la crèche, "on dépend de la bienveillance des autres", auxquels on sait gré de ne pas marquer de différence. Les grand-mères qui s'adressent toujours à la mère biologique pour les questions pratiques. Et pour Gaël et Nathalie, la loi ne changera pas cela. Dans les cas de coparentalité, le livret de famille de l'enfant porte déjà mention d'un père et d'une mère. Dès lors, pas d'adoption possible. Les deux femmes ont pourtant décidé de se marier. Pour les enfants, qui, gloussent-elles, "rêvent de [les] voir se dire oui en robes blanches". Et pour que, sur le frigo, vienne s'ajouter au kaléidoscope de leur vie familiale une photo d'elles en mariées.