mardi 11 décembre 2012

ENSEIGNEMENT (AVANCÉ 2)


Enseignants: changer le métier pour en changer le salaire

Argent contre service… Un entretien chez Jean-Jacques Bourdin, sur RCM lundi 10 décembre, aura suffi à mettre le dossier du traitement des enseignants sur le devant de la scène.
Le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, serait-il prêt à parler argent ? Oui, mais « en changeant aussi la nature du métier. Ça ne peut pas se faire en 2013, on peut ouvrir les discussions en 2013. Ma porte est ouverte, je suis prêt à partir de janvier à ouvrir la grande négociation qui n’a jamais eu lieu dans ce pays sur la refondation du métier d’enseignant. Il y aura bien entendu les contenus. Qu’est-ce qu’on fait quand on enseigne, on vient de mettre en place les écoles, la deuxième phase c’est les carrières, le développement de carrière… », a-t-il déclaré lundi matin.
A Jean-Jacques Bourdin, il a évoqué des pistes : « Vous prenez le modèle allemand, qu’est-ce qui se passe en Allemagne ? Les professeurs travaillent en moyenne 25 heures par semaine, 50 % de plus que notre temps de travail dans le secondaire. Ils enseignent souvent deux disciplines, les chefs d’établissement eux-mêmes enseignent. Alors pourquoi garde-t-on uniquement le salaire et pas tout ce qui justifie le salaire ? » L'argumentaire de Vincent peillon fait référence aux études de l'OCDE qui montrent que l'enseignant français est moins bien payé que ses voisins, mais aussi que ses contraintes professionnelles ne sont pas aussi lourdes. Dans certains pays, comme la Grande Bretagne, le conseiller principal d'éducation (CPE) n'existe pas et cette fonction est dévolue aux enseignants.
Repenser le traitement en repensant le métier, cela ressemble étrangement à ce que Nicolas Sarkozy proposait aux enseignants durant la campagne présidentielle. Dans son programme, l'ancien président de la République souhaitait rémunérer 500 euros de plus (on n’a jamais su si c’était net ou brut) les volontaires qui accepteraient de travailler six heures de plus par semaine… Des heures qui n'auraient pas forcément été assurées sous forme de cours. Ce qui est certain, c'est que le temps de présence dans les établissements aurait été repensé.
François Hollande a préféré, lui, promettre la restauration des 60 000 postes qui avaient disparu sous le mandat précédent. La loi de programmation, que Le Monde a révélée mercredi 5 décembre, montrait la répartition de ces postes entre le primaire, le secondaire et la formation des maîtres.
Le traitement des enseignants français est un serpent de mer. La période Sarkozy, durant laquelle le salaire a largement été individualisé par le biais des 1,3 milliard d'euros d'heures sup effectuées dans les établissements, a compliqué le débat et creusé un fossé entre ceux à qui on offrait la possibilité d'en faire et les enseignants du premier degré, qui eux n'y avaient pas droit.
Le métier d'enseignant est défini par un décret de 1950 qui ne prend en compte que les heures de service, c'est-à-dire les cours devant la classe.
Maryline Baumard


A lire ici: la comparaison du salaire des profs dans toute l'Europe: http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/10/salaire-des-enseignants-ou-se-situent-les-francais-par-rapport-a-leurs-collegues-europeens_1804286_3224.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire