mardi 12 mars 2013

Enquête sur la cigarette electronique

Touraine demande une enquête sur la cigarette électronique

La ministre de la Santé Marisol Touraine sort de l'Elysée, le 4 mars à Paris.
La ministre de la Santé Marisol Touraine sort de l'Elysée, le 4 mars à Paris. (Photo Bertrand Langlois. AFP)

Invitée de France Info, la ministre de la Santé a dit souhaiter que soient évalués les bénéfices et les risques de ce dispositif.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré mardi sur France Info avoir «commandé une enquête» à ses services au sujet de la cigarette électronique.
La ministre a estimé qu’il fallait faire «preuve de prudence» alors que les Français essayant d’arrêter de fumer sont «des centaines de milliers» à consommer cette cigarette électronique. Marisol Touraine a ajouté souhaiter que soient évalués les bénéfices et les risques de ce dispositif, qui selon elle «pose un certain nombre de questions».
La sénatrice Chantal Jouanno (UDI) a pour sa part exprimé le souhait qu’une mission d’information parlementaire se penche sur les risques sanitaires et la commercialisation de la cigarette électronique, dans un courrier adressé mardi à son président de groupe au Sénat. Il reviendra ensuite à ce dernier, François Zocchetto, de choisir par quel biais lancer l’initiative, par exemple en proposant une telle mission à la commission des Affaires sociales de la Haute assemblée.
«Si elles ne contiennent pas de tabac et de goudron, les e-cigarettes comportent tout de même des solvants variés, comme le propylène de glycol. A ce titre, il convient de rappeler la recommandation de l’ANSM (agence du médicament, ndlr) de mai 2011 de ne pas consommer de cigarettes électroniques», écrit l’ancienne secrétaire d’Etat à l’Ecologie de Nicolas Sarkozy dans une lettre.
«La cigarette électronique ne constitue-t-elle pas une voie d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes ? Par ailleurs, la reproduction du geste ne maintient-elle pas les fumeurs dans une forme de dépendance ?», interroge-t-elle. «Aussi me semble-t-il indispensable de mener des travaux approfondis dans l’optique d’une réglementation appropriée de ces produits, qui génèrent des bénéfices considérables pour les fabricants».
En mai 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (Afssaps) avait recommandé «de ne pas consommer de cigarettes électroniques». Les pharmacies n’ont d’ailleurs officiellement pas le droit d’en écouler, la cigarette électronique étant disponible uniquement dans des commerces spécialisés et sur internet.
Ce produit s’est développé depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics comme une alternative à la cigarette classique, dont elle reproduit l’apparence. Elle présente à son extrémité une diode simulant la combustion et contient une cartouche dont la solution s’échauffe au contact d’une résistance, la vapeur produite étant inhalée par l’utilisateur. Des flacons de «e-liquides», composés de propylène glycol ou de glycérol, de divers arômes et éventuellement de nicotine, permettent de recharger la cartouche usagée.

500 000 utilisateurs français

L’Afssaps souligne que ces solutions contiennent des quantités de nicotine plus ou moins importantes, qui, même à des concentrations faibles, pouvaient «conduire à des effets indésirables graves».
«J’ai demandé à mes services de me dire très précisement de quel type de produit il s’agit», a déclaré la ministre sur France Info. «Est-ce qu’on peut considérer qu’il s’agit d’un produit de grande consommation? Est-ce que c’est un dispositif médical? Quelles sont les caractéristiques de ce produit», a interrogé la ministre.
La cigarette électronique «est consommée par des centaines de milliers de Français. Il faut faire preuve de prudence», a conclu la ministre pour expliquer pourquoi elle avait «commandé une enquête sur ce sujet». Les utilisateurs seraient un demi-million en France, d’après les fabricants.
«En tant que médecin je ne peux pas recommander la cigarette électronique», déclarait récemment à l’AFP Bertrand Dautzenberg, spécialiste du poumon à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et grand pourfendeur du tabac. «Mais je laisserais faire un gros fumeur qui veut s’y mettre. Avec la cigarette, c’est 50% de chances de se tuer. Avec la cigarette électronique, on ne sait pas trop mais a priori c’est moins», déclarait le pneumologue.
Les fumeurs invétérés, désespérés par les échecs à répétition dans leurs tentatives pour arrêter, n’ont pas attendu l’avis des pneumologues pour essayer cet appareil en forme de tube, inventé en 2005 en Chine et capable de délivrer des doses de nicotine supérieures à une vraie cigarette.
Selon un fabricant de cigarettes électroniques, les raisons de l’engouement pour ce produit tiennent aussi «au prix élevé de la cigarette et à ses composants qui font peur aux consommateurs» cherchant une alternative.

1 commentaire:

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